Qui es-tu ?
Leire : Je suis Leire Irigoyen et je suis enseignante d’anglais au collège, dans l’académie de Créteil.
Quel est ton parcours ?
Leire : J’ai d’abord fait des études de sciences politiques, ensuite un master de sciences politiques de la ville, disons, et mon rêve à l’époque c’était de sauver la planète, de travailler dans le développement durable.
Donc, j’ai travaillé deux ans et demi dans un cabinet de conseil sur des sujets de développement durable, mais aussi des sujets plus larges de management, etc., avant de décider de changer de vie et devenir enseignante en Septembre 2019.
C’est quoi ton entreprise actuelle ?
Leire : Mon entreprise actuelle s’appelle… l’Education Nationale, et pour être plus précise, je travaille à l’Académie de Créteil, dans un collège en Seine Saint-Denis.
En quoi consiste le métier de professeur d’anglais ?
Leire : C’est loin d’être seulement enseigner, le métier d’enseignant a beaucoup de choses qu’on ne voit pas, notamment la préparation des cours, des séquences, des chapitres, celle des supports, des PowerPoint, ou encore des exercices qu’on va utiliser avec les élèves. Il y a aussi toute la correction des copies, des exercices, et il y a tout un côté supplémentaire qui change d’une semaine à l’autre, qui sont toutes les réunions par exemple, les conseils de classes à la fin de chaque trimestre, ou toute la relation avec les partenaires du collège tels que les parents.
Qu’est-ce que tu aimes le plus dans ton métier ?
Leire : Les petites réussites. Ce n’est pas non plus ce moment d’« Eurêka » dont on parle parfois, mais juste des petites réussites qui nous donnent la sensation d’avoir réussi. Par exemple, ça peut être un élève qui est un peu en difficulté qui a une bonne note à un contrôle ou un autre élève qui utilise de manière spontanée un mot ou une phrase qu’on lui a appris la veille. Ce sont des petites réussites personnelles parce qu’on a l’impression d’avoir bien fait son travail, mais on le prend aussi et surtout comme des réussites pour les élèves, car évidemment, quand on les côtoie au quotidien, il y a une sorte de tendresse et d’attachement qui se créent et quand on les voit ne serait-ce que participer et être contents de l’avoir bien fait, c’est super.
La deuxième partie que j’aime bien, c’est la liberté que donne le métier d’enseignant. En fait, on a des horaires très précis, on a un programme à suivre, mais pour le reste on est libres d’organiser son temps et aussi d’organiser ses enseignements. Je dois mener mes élèves à tel niveau, mais c’est à moi de voir comment je veux le faire etc.
Et le moins ?
Leire : Je dois dire la gestion de classe, car parfois j’ai des petites classes de 6e… Et il faut souvent leur rappeler les règles du vivre-ensemble, et c’est vrai que ça peut être un peu pesant de temps en temps. « Ne frappe pas ton camarade avec la règle, [ou] ne jette pas de Tipp-Ex par la fenêtre » ; ça peut être un peu pesant, même si plus on avance dans sa carrière, je pense, plus on maîtrise ce côté discipline, de gestion de classe.
Et je n’aime pas non plus l’impuissance qu’on peut ressentir face à certains cas. On pense qu’en tant que prof on peut inspirer les élèves, et faire plein de choses, mais souvent on est confrontés aux limites de notre métier, et il y a des élèves qui ont des problèmes de comportement ou qui ont des difficultés scolaires, et souvent on n’a pas les outils pour vraiment les aider à surmonter ces difficultés. Et ça, ça peut être dur au quotidien.
Leire : Il y a plusieurs options, je dirais d’abord qu’il y a deux voies ; il y a la première voie, qui est celle de passer le concours pour devenir enseignant fonctionnaire, au moins pour enseigner au collège. Si on veut enseigner dans des institutions privées, c’est une autre histoire. Et il y a aussi la voie des contractuels, c’est-à-dire, avoir un contrat à durée déterminée avec le rectorat, avec une des Académies qu’il y a en France. Donc si on veut passer le concours, la voie la plus classique c’est de faire une licence et ensuite de faire un master qu’on dit MEEF (Métiers de l’Enseignement, de l’Éducation et de la Formation) qui prépare à passer le concours, ou on peut, comme j’ai fait, préparer le concours sans avoir eu cette formation préalable. J’avais fait une formation d’études de sciences politiques, mais il faut préparer le concours tout de même.
Et sinon, si on veut devenir contractuel, c’est une autre option, c’est bien parce qu’on est un peu plus libre, un peu moins dépendant des grosses structures de l’Education Nationale. Mais c’est aussi des contrats un tout petit peu plus précaires, et c’est comme ça que je suis rentrée dans l’Education Nationale moi-même, grâce à une association qui s’appelle Le Choix de l’École.
Quel est le salaire d’un professeur d’anglais ?
Leire : On va dire que les stagiaires qui débutent après le master commencent à 1500 euros… Mais au bout de trois ans de carrière, si on est prof principal, si on fait quelques heures supplémentaires, ça peut monter à 2000 euros net, assez facilement.
Quels conseils donnerais-tu aux professeurs d’anglais en devenir ?
Leire : Être prof, c’est top, c’est très bien… C’est difficile mais c’est très enrichissant, je dirais que si vous avez un petit doute, pour moi ce qui a déclenché le changement ça a été l’envie de faire un métier différent, c’est-à-dire, que la vie de bureau ne me convenait pas… J’ai trouvé ça un peu rigide etc., et en devenant enseignante, j’ai vraiment découvert que le travail peut être quelque chose de complètement différent.